L'avis de Daniel Vuillon, premier producteur en AMAP (Ollouiles, 83)

L'AMAP, UNE ALTERNATIVE POUR LE PRODUCTEUR
Ollioules, le 5 juin 2003.

Le partenariat Consommateurs Producteurs par une AMAP (Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne) positionne une exploitation agricole dans une situation complètement différente de celles rencontrées dans l'économie de marché.
La rémunération du producteur n'étant pas liée au rendement et au prix de l'unité de vente de ses productions, il va pouvoir mettre en oeuvre un mode cultural qui tient beaucoup plus compte de la fertilité du sol, de la qualité de l'air et de l'eau, du respect des équilibres naturels, de la bio diversité dans la relance de variétés locales, la qualité gustative et nutritive de ses productions. Cette évolution va se faire au rythme que lui donnera l'exploitant ; mais il n'y a pas besoin d'un cahier des charges strict, la prise de conscience se fait petit à petit par le producteur encouragé et soutenu par ses consommateurs, dans un fonctionnement complètement transparent.
Le prix de l'engagement des consommateurs se définit (y compris la rémunération des producteurs) de la façon suivante : charges fixes de l'exploitation + coût des productions (dépendant de ce que veulent consommer les consommateurs) divisés par le nombre de consommateurs = prix global « d'un panier » sur la période d'engagement.
Le développement en Amap se fait progressivement par l'exploitant ; le plus souvent, placé en zone périurbaine, pratiquant la vente directe il va remplacer un jour de marché par une distribution puis petit à petit il développera, s'il le souhaite, ce concept allant jusqu'à 3 distributions par semaine correspondant au rythme des cueillettes (tous les 2 jours).

La proximité, la qualité gustative, le respect des saisons, la bio diversité sont aux centre des préoccupations de ce système, qui par-là, rejoint « l'éthique » véritable de l'agriculteur biologique et paysanne.
La force du système réside dans l'autonomie de chaque Amap en lien avec sa ferme. Cette indépendance vis-à-vis de l'extérieur (pas de subvention, pas de référence au prix du marché) assure à l'Amap une pérennité qui en fait une des bases de la relocalisation de l'économie.

La réponse positive récente de la C.D.O.A du Var à un projet d'installation d'une jeune agricultrice avec une Amap, en volet économique, valide le concept par la profession et l'administration agricole.
Le maintien du foncier agricole en zone de forte pression, le maintien de la ferme à dimension humaine, des savoirs-faire passent, sans problèmes par cet outil économique que constituent les Amap. (les besoins en trésorerie de l'exploitation sont assurés par le paiement à l'engagement avant la saison par les consommateurs) Fruits et légumes, produits laitiers, viandes, volailles fonctionnent actuellement en Provence dans cette nouvelle économie (25 exploitations agricoles concernées, 4000 consommateurs en un an de fonctionnement…)

Beaucoup de consommateurs souhaitent devenir des consom'acteurs ; beaucoup d'agriculteurs veulent continuer leur métier, beaucoup de jeunes souhaitent s'installer dans une agriculture de qualité (le Jeune Agriculteur représentent 80 % des fermes en Amap actuellement en Provence)… la mise en relation des uns avec les autres, reste la préoccupation essentielle d'un mouvement qui est avant tout un mouvement de consommateurs. (12 % de la population du Canada est partie prenante de cette forme d'économie solidaire aujourd'hui)

D. Vuillon
Agriculteur – Membre fondateur du concept AMAP en France